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J'aimerai utiliser l'écriture inclusive dans mes traductions...
Thread poster: Sara Massons
Sophie Dzhygir
Sophie Dzhygir  Identity Verified
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En fait... Apr 29, 2018

...ce qui m'étonne beaucoup, c'est que les traducteurs et traductrices, assez largement de toute évidence, ne s'intéressent même pas à ce que signifie "écriture inclusive" avant d'en discuter. C'est pourtant notre métier de s'interroger sur le sens des mots ? Il est vrai que les médias ne nous aident pas, puisque la plupart d'entre eux s'est largement fourvoyée (mieux vaut une bonne polémique biaisée qu'un débat posé sur de bonnes bases !). Mais navrant quand même de constater que ... See more
...ce qui m'étonne beaucoup, c'est que les traducteurs et traductrices, assez largement de toute évidence, ne s'intéressent même pas à ce que signifie "écriture inclusive" avant d'en discuter. C'est pourtant notre métier de s'interroger sur le sens des mots ? Il est vrai que les médias ne nous aident pas, puisque la plupart d'entre eux s'est largement fourvoyée (mieux vaut une bonne polémique biaisée qu'un débat posé sur de bonnes bases !). Mais navrant quand même de constater que pour beaucoup ici, écriture inclusive = point médian. Il existe des dizaines de techniques pour écrire inclusif, dont beaucoup sont absolument indécelables (voir la solution donnée par Adrien). D'autres sont visibles et employées de très longue date (attention Mesdames et Messieurs, dans un instant, on va commencer...) et ne choquent personne. Enfin, pour ceux qui voudraient impérativement ne parler que du point médian, mon avis est le suivant : on utilise, de longue date également, un truc horrible qui consiste à mettre des marques du féminin ou du pluriel entre parenthèses (la/les personne(s) intéréssée(s)), nul ne s'en offusque, et pourtant, c'est beaucoup plus laid et cela perturbe beaucoup plus la lecture que le point médian (sans parler des problèmes typographiques que cela pose avec la multiplication des parenthèses, comme dans la présente phrase !).Collapse


 
Jocelyne Cuenin
Jocelyne Cuenin  Identity Verified
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À partir de l'allemand, on est parfois bien obligés de se poser la question May 16, 2018

Je ne sais plus si c'est ici que j'ai vu ce lien, mais il m'a servi récemment quand je me suis posé la question de savoir si j'allais utiliser un point milieu ou pas pour KonsumentInnen. Les pages 59-61 de cette brochure m'ont facilité la tâche pour arriver à consommateur·rice·s ! (Le texte qui parlait de mode semblait vouloir s'adresser à ... See more
Je ne sais plus si c'est ici que j'ai vu ce lien, mais il m'a servi récemment quand je me suis posé la question de savoir si j'allais utiliser un point milieu ou pas pour KonsumentInnen. Les pages 59-61 de cette brochure m'ont facilité la tâche pour arriver à consommateur·rice·s ! (Le texte qui parlait de mode semblait vouloir s'adresser à tous.)
http://www.haut-conseil-egalite.gouv.fr/IMG/pdf/guide_pour_une_communication_publique_sans_stereotype_de_sexe_vf_2016_11_02.compressed.pdf
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Christopher Seder
Christopher Seder  Identity Verified
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franchement... May 24, 2018

peut-être devrais-je laisser les chiens endormis dormir, comme on dit en english, et puis comme l'english c'est ce vers quoi je traduis principalement, je n'ai pas forcément grand chose à dire en ce qui concerne les points médians, mais personnellement je trouve ça quand même ahurissant de penser qu'on n'a pas chacun(es!) une certaine responsabilité de travailler dans la direction d'une écriture plus inclusive, qu'importe sa forme, alors que la majorité de la population se voit effacée... See more
peut-être devrais-je laisser les chiens endormis dormir, comme on dit en english, et puis comme l'english c'est ce vers quoi je traduis principalement, je n'ai pas forcément grand chose à dire en ce qui concerne les points médians, mais personnellement je trouve ça quand même ahurissant de penser qu'on n'a pas chacun(es!) une certaine responsabilité de travailler dans la direction d'une écriture plus inclusive, qu'importe sa forme, alors que la majorité de la population se voit effacée, de manière systématique et quotidienne, de la langue. Ce qui me semble « sectaire » c'est de penser que cette micro-aggression constante est innocente, que la langue est une entité impartiale issue d'un deus ex machina, au lieu de la matière vivante qui a été pensée, et continue à être pensée, quotidiennement par des femmes et des hommes, et que ce n'est pas justement nous, les linguistes, et non pas ceux qui rédigent les chartes pour le département de RH chez Dupont & Cie, qui y réfléchissons le plus à cette langue, et donc justement à NOUS de l'accompagner dans cette évolution.

Personnellement, je me sers aussi toujours du "they" singulier anglophone – qui ne fait pas forcément l'unanimité – lorsqu'un "il" supposément neutre l'emporte dans un texte sensé s'adresser à tous et à toutes. Et je considère que c'est le moins qu'on puisse faire. Alors après, certes, en français, la question du genre est plus compliquée -- peut-être qu'on devrait tout simplement y abolir l'un des genres (on sacrifiera un masculin qui en sera sûrement reconnaissant, se sentant un peu vieux et trop usé), pour se débarrasser du problème de tous ces pointillages inesthétiques ?

Parce que ce qui est ridicule, c'est précisément cette phobie stupide que la langue soit envahie par des hordes de parenthèses et de barres obliques enragées, c'est de se sentir agressé.e par un souci d'égalité, parce qu'en défendant un masculin-qui-l'emporte sacrosanct de telle façon ce que l'on révèle, en fait, c'est justement à quel point le language nous affecte, à quel point la présence d'un e en plus ou en moins nous gêne, et ce pas seulement par un souci « esthétique » un peu trop fortement souligné du stylo, mais parce qu'on s'y sent plus ou moins représenté(e). Qui veut mener une vie de fantôme dans la langue sensée permettre aux humains de (se) communiquer ?

Et si on a une sensibilité qui abhorre absolument les points au milieu des mots (et effectivement c'est déjà moins moche que les parenthèses, sans parler du fait que celles-ci mettent tout ce qui n'est pas masculin et singulier en arrière-pensée), pourquoi ne pas chercher des solutions plus créatives ...?

La langue évolue, les mots changent souvent de genre, un peu au hasard, au fil du des siècles, et cette évolution, en tant que traducteurs, on prend chaque jour la décision ou non d'y participer. Après, si le fait de participer (pour ne pas dire collaborer) quotidiennement à l'effacement – c'est à dire à la négation, par défaut, de l'existence et de la validité – des autres, c'est une chose qui ne nous dérange pas, et qu'on pense par ailleurs que ce genre d'effacement ne pourrait en aucun cas avoir un impact, quel qu'il soit, sur la psychologie des personnes concernées...

Moi, ce que je trouve triste, surtout, c'est de voir des traducteurs – qui, aussi peu politisé.e.s soient-ils (et elles, aussi, visiblement), se sont néanmoins lancéEs dans une profession sensée diminuer, pas renforcer, les barrières – se barricader dans une tour de language triste, désuète et opposée par principe à l'idée même du progrès.

[2018-05-24 07:19 GMTに編集されました]

[2018-05-24 07:22 GMTに編集されました]
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Traducción Francés
Armande Bessire
B D Finch
 
Éric Cléach
Éric Cléach  Identity Verified
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Pas mieux... May 24, 2018

Christopher Seder wrote:
Moi, ce que je trouve triste, surtout, c'est de voir des traducteurs – qui, aussi peu politisé.e.s soient-ils (et elles, aussi, visiblement), se sont néanmoins lancéEs dans une profession sensée diminuer, pas renforcer, les barrières – se barricader dans une tour de language triste, désuète et opposée par principe à l'idée même du progrès.


Je m'étais bien gardé d'intervenir sur ce fil jusqu'à présent, mais j'ai aussi été étonné de certaines "réac"-tions.
Bravo pour ce post, qui a le mérite de taper dans le mille.

[Edited at 2018-05-24 12:55 GMT]


 
Sara Massons
Sara Massons  Identity Verified
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Finalement, le débat... May 24, 2018

Je voulais juste remercier les dernier·es (oui, j'ose !) participant·es (promis c'est le dernier) pour leurs message. En fin de compte, je n'ai pas réellement trouvé de réponse à ma question initiale et je cherche toujours mais j'aime beaucoup lire des participations constructives sur ce sujet.

Je pense en tous cas que nous avons le devoir de ne pas ignorer une pratique qui se répand rapidement et peut-être d'ailleurs de façon passagère (il me semble que le walkman qui fai
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Je voulais juste remercier les dernier·es (oui, j'ose !) participant·es (promis c'est le dernier) pour leurs message. En fin de compte, je n'ai pas réellement trouvé de réponse à ma question initiale et je cherche toujours mais j'aime beaucoup lire des participations constructives sur ce sujet.

Je pense en tous cas que nous avons le devoir de ne pas ignorer une pratique qui se répand rapidement et peut-être d'ailleurs de façon passagère (il me semble que le walkman qui faisait hurler mes parents s'est transformé en baladeur puis en lecteur MP3 de façon tout à fait discrète et ce n'est qu'un exemple). L'usage est bien selon moi ce qui rend une langue vivante, si on "fige" trop fermement la langue, elle fini par sécher sur place comme une plante dans un herbier, témoin inerte d'une réalité qui a cours à un moment donné mais la vie est une perpétuelle évolution et l'histoire de la construction des langues nous montre bien que l'usage fini toujours par l'emporter sur le dogme. Si je prends un échantillon aujourd'hui d'une espèce répertoriée il-y-a plusieurs années, il y aura des différences notoires et je vais devoir renouveler l'herbier régulièrement pour que mon témoin suive l'évolution. Plusieurs stades dévolution d'une espèce cohabitent parfois ou plutôt sont concomitants en des lieux différents. Selon moi il en va de même pour les langues, entités vivantes s'il en est dont, si je poursuis mon analogie, les locuteurs et locutrices sont les cellules.

Il me semble par ailleurs qu'en tant que traducteurs et traductrices (notez que j'ai mis spontanément le féminin en second...), nous avons un devoir de conseil auprès de nos clients qui ne parlent pas nécessairement notre langue et, en tous cas, ne peuvent en connaître toutes les évolutions. Selon moi, il est parfois nécessaire d'utiliser les formes "parlées" qui ne sont pas nécessairement admises par l'Académie Française, je pense notamment au "on" utilisé à la place de "nous" à l'oral, de même que certaines contractions ou termes argotiques ou familiers. Si je traduis un dialogue entre ados, je ne vais sûrement pas écrire de la même manière que si je traduis une lettre de candidature ou le texte d'une intervention à l'ONU et, dans le cas de la conversation d'ados, je ne me pose pas la question de la validation par l'Académie, j'utilise le langage des ados. De la même manière, j'estime qu'une entreprise qui prend la peine de faire intervenir une agence extérieure pour travailler sur le bien être et les relations entre les personnes qu'elle emploie, puisque c'était mon exemple de départ, pourrait juger utile d'adopter l'écriture inclusive mais les personnes en charge du projet de traduction n'en connaissent peut-être même pas l'existence et c'est là qu'intervient notre devoir de conseil.

Au plaisir de vous lire encore sur le sujet.
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Jean Dimitriadis
Jean Dimitriadis  Identity Verified
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Rédaction épicène May 25, 2018

Je rejoins entièrement ce que dit Sophie Dzhygir plus haut.

Il convient de comprendre d’abord ce qu’on entend par écriture inclusive, rédaction épicène, féminisation des textes (et j’en passe), avant de monter sur ses grands chevaux.

Comprendre aussi que ça ne se résume pas à l’usage du point médian, procédé qui par ailleurs ne fait pas l’unanimité (à juste titre à mon sens, j’y reviendrai plus tard).

Selon la nature du texte et d
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Je rejoins entièrement ce que dit Sophie Dzhygir plus haut.

Il convient de comprendre d’abord ce qu’on entend par écriture inclusive, rédaction épicène, féminisation des textes (et j’en passe), avant de monter sur ses grands chevaux.

Comprendre aussi que ça ne se résume pas à l’usage du point médian, procédé qui par ailleurs ne fait pas l’unanimité (à juste titre à mon sens, j’y reviendrai plus tard).

Selon la nature du texte et du public visé, qui dictent dans une large mesure la stratégie à adopter, il s’agit plutôt de mettre en évidence de façon équitable la présence des femmes et des hommes, tout en préservant la qualité des textes.

Car il est tout à fait possible, bien que pas toujours simple, d’éviter les stéréotypes sexistes tout en restant dans les limites de la correction, du bon usage et du bon goût.

Comment ? En veillant à répartir avec justesse les formes féminines, à évaluer la pertinence du recours aux marques du genre, et à employer toutes les ressources de la langue.

Pour préserver la lisibilité et l’intelligibilité dans les textes dits « féminisés », deux principes de rédaction peuvent être privilégiés :

- l’écriture des deux formes, masculine et féminine, en toutes lettres (formes non tronquées)
- l’emploi de termes génériques ou épicènes et de tournures neutres

L’exemple d’Adrien Esparron (Do you feel sexually harassed by your department head?
> Votre hiérarchie fait-elle preuve de harcèlement sexuel à votre égard ?) illustre bien ce deuxième principe et s’inscrit tout à fait dans une telle démarche.

À propos de rédaction épicène en langue française, je pense que l'on consultera avec profit les enseignements des linguistes provenant du Québec et du Canada.

Pour prendre l’exemple de l’Office québécois de la langue française, qui a issu des recommandations à ce sujet dès 1979, on peut lire, entre autres :

- son dernier « Avis de recommandation : Féminisation des appellations de
personnes et rédaction épicène » (2015) – http://www.granddictionnaire.com/PDF/avis_goq_feminisation_2015.pdf
- le guide « Avoir bon genre à l’écrit » publié sous forme imprimée en 2006
- le PDF « Formation sur la rédaction épicène » – https://www.oqlf.gouv.qc.ca/redaction-epicene/20180112_formation-redaction-epicene.pdf

On peut aussi se référer aux travaux du Bureau de la traduction (Canada), et notamment à la section Féminisation de son « Guide du rédacteur » :
https://www.btb.termiumplus.gc.ca/redac-chap?lang=fra&lettr=chap_catlog&info0=9#zz9

À noter que, dans ces contrées, même dans le cas où l’espace est restreint, l’emploi des formes tronquées, c’est‐à-dire modifiées par l’emploi de parenthèses, de barres obliques, de traits d’union, de virgules (à quoi il faut sans doute ajouter les points et les points médians) ou encore par le recours à la majuscule, est fortement déconseillé.

En conséquence, on n’écrira pas :
* les ingénieur(e)s
* les ingénieurs/eures
* les ingénieurs-e-s
* les ingénieurs, res
* les ingénieurEs
* les ingénieur.e.s
* les ingénieur·e·s,
mais bien :
les ingénieurs et ingénieures.

Le livre « La traduction raisonnée : manuel d’initiation à la traduction professionnelle de l’anglais vers le français » (d’où sont tirées également certaines des formules utilisées plus haut) ajoute à ce propos : « Cette façon peu efficace de donner de la visibilité aux femmes, en les mettant entre parenthèses, entre tirets ou au bout d’un trait d’union, présente en outre l’inconvénient de rendre impossible la lecture suivie d’un texte et, à plus forte raison, la lecture à haute voix. […] Ces formes télescopées ne sont pas conformes aux règles grammaticales et nuisent à la clarté de la communication. »

Jean

[Edited at 2018-05-25 06:06 GMT]
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Jocelyne Cuenin
Jocelyne Cuenin  Identity Verified
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Discussion actuelle en allemand Jun 3, 2018

"...il s’agit plutôt de mettre en évidence de façon équitable la présence des femmes et des hommes, tout en préservant la qualité des textes."

Pour rebondir sur les propositions de Jean, je voulais dire que l'Allemagne a pour ainsi dire une longueur d'avance, puisqu'on s'y demande maintenant s'il ne serait pas mieux d'utiliser une étoile pour inclure les personnes qui ne se rangent pas dans les catégories conventionnelles masculin ou féminin.
Donc jusqu'à m
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"...il s’agit plutôt de mettre en évidence de façon équitable la présence des femmes et des hommes, tout en préservant la qualité des textes."

Pour rebondir sur les propositions de Jean, je voulais dire que l'Allemagne a pour ainsi dire une longueur d'avance, puisqu'on s'y demande maintenant s'il ne serait pas mieux d'utiliser une étoile pour inclure les personnes qui ne se rangent pas dans les catégories conventionnelles masculin ou féminin.
Donc jusqu'à maintenant on a Bürgerinnen und Bürger ou BürgerInnen avec un I majuscule au milieu, mais on tendrait vers Bürger*innen, l'espace laissé par * étant symbolique de toutes les autres catégories laissées pour compte.

Dans le même esprit, on voit aussi parfois Professx à la place de Professor*innen
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Jean Dimitriadis
Jean Dimitriadis  Identity Verified
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Formes tronquées : à éviter Jun 3, 2018

Je ne voudrais pas porter de jugement sur les solutions employées en allemand, langue que je ne connais pas. Il est toujours intéressant de voir ce qui se dit ou s’écrit dans d’autres langues ou communautés linguistiques.

La langue française ne disposant pas de genre neutre en soi, il n’est pas évident d’imaginer le même type de démarche, qui dépasse les genres féminin et masculin pour désigner les personnes qui ne s’inscrivent pas dans une telle catégorisation
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Je ne voudrais pas porter de jugement sur les solutions employées en allemand, langue que je ne connais pas. Il est toujours intéressant de voir ce qui se dit ou s’écrit dans d’autres langues ou communautés linguistiques.

La langue française ne disposant pas de genre neutre en soi, il n’est pas évident d’imaginer le même type de démarche, qui dépasse les genres féminin et masculin pour désigner les personnes qui ne s’inscrivent pas dans une telle catégorisation. L’usage de mots épicènes et de tournures neutres s’approche un peu de cet objectif. Quoi qu’il en soit, le sexe est en large partie une construction sociale, et quiconque peut ne pas se sentir concerné par la catégorisation homme-femme, peu importe son sexe dit « biologique ».

Merci également pour le guide pratique « Pour une communication publique sans stéréotype de sexe » publié par le haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE), une institution nationale consultative indépendante.

Concernant l’usage de l’astérisque, à mon sens, la question n’est pas de savoir quel signe typographique serait le plus adapté ou le plus discret pour les formes tronquées, qui en fin de compte «  ne sont pas conformes aux règles grammaticales et nuisent à la clarté de la communication » comme indiqué plus haut. Tant que faire se peut, elles seraient toutes à éviter (dans la plupart des textes, j’entends, pas dans des textes comme celui-ci, par exemple, où bousculer la bonne vieille grammaire et les rôles genrés fait partie intégrante du message : https://boum.org/ ).

Pour reprendre les auteures de la « Formation sur la rédaction épicène » (voir ma précédente intervention) :

Au fil du temps, le Québec a développé une riche expertise en matière de féminisation linguistique. Les noms féminins de titres ou de fonctions sont maintenant en grande partie entrés dans l’usage, tels que doyenne ou mécanicienne. Dorénavant, c’est la féminisation des textes qui retient toute notre attention : intégrer ces noms dans les écrits suppose en effet une façon de rédiger adaptée. En 2006, le guide Avoir bon genre à l’écrit intègre explications théoriques et exercices pratiques de rédaction épicène.

Or, en France, à propos de féminisation de titres ou de fonctions, l’Académie française n’est pas forcément de cet avis : http://www.academie-francaise.fr/actualites/la-feminisation-des-noms-de-metiers-fonctions-grades-ou-titres-mise-au-point-de-lacademie

Idem pour l’écriture inclusive (encore une fois amalgamée aux formes tronquées) : http://www.academie-francaise.fr/actualites/declaration-de-lacademie-francaise-sur-lecriture-dite-inclusive

Voici ce qu’en dit Druide, l’éditeur du correcticiel Antidote :

Antidote endosse les recommandations de l’Office de la langue française du Québec, qui préconise la féminisation des titres, des noms de professions et autres appellations de fonctions lorsqu’il est question d’une femme. Vous trouverez donc dans le dictionnaire les formes féminines recommandées par l’OLF comme une ingénieure, une boulangère, une écrivaine, une médecin, une docteure, une avocate, une programmeuse, une sous-traitante, etc. Cette féminisation, courante au Québec, est également officiellement encouragée en Suisse et en Belgique. Nous la considérons comme participant de la logique profonde de la langue française qui féminise tout naturellement les professions plus traditionnellement « féminines ». En France, l’Académie demeure réticente, mais l’usage et les grammairiens devraient très bientôt reléguer cet archaïsme aux oubliettes, comme dans le reste de la francophonie.

https://www.druide.com/fr/enquetes/féminise-ou-pas

Enfin, pour revenir à l’écriture inclusive et à la rédaction épicène, voici un autre rappel provenant encore de « La traduction raisonnée » :

C’est une chose de féminiser les titres et les fonctions et de les intégrer correctement dans des phrases, et une autre de féminiser le discours.
[…]
Il n’est pas pertinent d’employer systématiquement toutes les marques du genre dans toutes les phrases d’un texte et dans tous les contextes. Il faut faire preuve de jugement, par exemple en alternant le doublet (masculin et féminin) et le masculin générique. L’essentiel, rappelons-le, est de représenter les femmes tout au long du texte, sans pour autant féminiser absolument tout.


Jean

[Edited at 2018-06-03 17:04 GMT]
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Germaine
Germaine  Identity Verified
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Point médian et inclusivité Jun 3, 2018

mariealpilles wrote:
Il y a des limites à... [suivent divers compliments que je me dispenserai de répéter].


Il est certes triste de constater qu'on s'expose à des insultes et du mépris pour oser poser une question pourtant légitime, surtout lorsqu'on s'adresse (en principe) à ses consoeurs et confrères. Que cela ne vous empêche pas de récidiver, Sara, si le coeur vous en dit!

Je n'ai rien contre l'écriture inclusive en soi, pour autant qu'elle respecte le texte source (en traduction) ou la commande (en rédaction). Je me pose toutefois vos questions à contre-sens chaque fois qu'on me demande d'utiliser le "point médian". Dois-je tenter de dissuader? vendre à tout prix d'autres procédés? Le cas échéant, jusqu'où aller? Faut-il généraliser au nom de l'uniformité (pitié!!) ou circonscrire (plus que "modérément") en faveur de la lisibilité? Quel est le lectorat? Quelles sont les "sensibilités"?

Le fait est qu'AUCUNE de mes clientes n'accepte d'être cheffe de la direction ou des finances (on garde le masculin) et bien peu, d'être directrice (on préfère souvent "directeure"). D'une extrême à l'autre, j'en ai vu exiger que leur texte soit entièrement féminisé, et jusque dans la note explicative (L'emploi du [féminin] dans ce texte...) qu'on lit encore souvent, mais qui n'est pas la solution à privilégier. Après quoi? 20 ans d'usage? plusieurs continuent de préciser "S.t.p., ne mets pas les femmes entre parenthèses! Emploie le tiret."

Me résoudre aux mutilations? Proposer le procédé à un client? J'ai peine à croire et à accepter qu'un "-e", un "-trice" ou ce "dernier-es partipant-es" puissent se qualifier d'inclusifs. En fait, l'approche m'apparaît encore plus réductrice à tous points de vue, linguistique, politique et esthétique, intelligibilité et lisibilité incluses. Le masculin l'emporte toujours sur le féminin et le singulier sur le pluriel. Nos confrères anglophones pourraient conclure haut et fort que le procédé "is adding insult to injury": l'insulte à la blessure. Il y a mieux à faire.

[Edited at 2018-06-03 21:16 GMT]


 
Valentine Elleau
Valentine Elleau  Identity Verified
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Pour certains textes, oui ! Jun 4, 2018

J'arrive après la bataille. J'avoue que je suis également un peu déçue de certaines réactions.
Coïncidence, j'ai écrit mon mémoire de master sur l'écriture inclusive juste avant le "débat" qu'elle a suscité en France... C'est toujours intéressant pour moi de lire les commentaires qui sont malheureusement souvent les mêmes, mais aussi de voir que beaucoup sont intéressés.

Je n'écris en inclusif que dans un cadre privé, mais il m'arrive bien sûr souvent de me
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J'arrive après la bataille. J'avoue que je suis également un peu déçue de certaines réactions.
Coïncidence, j'ai écrit mon mémoire de master sur l'écriture inclusive juste avant le "débat" qu'elle a suscité en France... C'est toujours intéressant pour moi de lire les commentaires qui sont malheureusement souvent les mêmes, mais aussi de voir que beaucoup sont intéressés.

Je n'écris en inclusif que dans un cadre privé, mais il m'arrive bien sûr souvent de me poser la question pour les traductions. Je sais qu'en Suisse, par exemple, l'usage des tirets est d'usage depuis un moment. Quand j'ai une traduction pour la Suisse où le texte allemand utilise de tels procédés, je demande au client s'il souhaite quelque chose de semblable en français (c'est parfois même déjà inclus dans leurs guidelines).

Je pense notamment qu'il y a des textes qu'il est nécessaire de traduire de manière "inclusive". S'il s'agit par exemple d'un texte destiné aux personnes trans, il me semble que traduire au masculin dit "neutre" serait même insultant. Il en va de même pour tout texte engagé dans une certaine optique féministe ou de genre. On voit d'ailleurs de plus en plus de textes politiques (de gauche) se mettre à l'inclusif.

Je pense donc que cela dépend du type de texte, du public auquel il s'adresse mais aussi bien sûr du client.
Et n'oublions pas non plus que les choses évoluent : Amnesty International n'utilise plus les "droits de l'Homme" mais les "droits humains", pour ne citer qu'un exemple.
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Platary (X)
Platary (X)
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Peut-être hors jeu, désolé Jun 4, 2018

J'hésite depuis un moment, mais un truc entendu ce matin sur une radio française de France (Franceinfo pour ne pas la nommer) me laisse vraiment perplexe et j'ai malgré tout envie d'en faire part, même si c'est un peu en marge :

« Il n’y a plus qu’un français à Roland-Garros, et ce français est une française... »

Bon, en fait c’est un peu pour se détendre, mais c’est efficace comme réveil-matin.


 
Sara Massons
Sara Massons  Identity Verified
France
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Un autre cas, à la volée - qui dérive encore du sujet Jun 5, 2018

Je suis confrontée à un autre cas bien intéressant : je traduis une application pour mobile, les chaînes de caractères sont parfois réutilisées pour composer différentes phrases. Par exemple, j'ai les trois chaînes suivantes :
1 - Your password
2 - Your Email
3 - has been confirmed

Qui permettront les combinaisons suivantes :
1 + 3 = Your password has been confirmed
2 + 3 = Your Email has been confirmed

Les chaînes 1 et 2 sont par
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Je suis confrontée à un autre cas bien intéressant : je traduis une application pour mobile, les chaînes de caractères sont parfois réutilisées pour composer différentes phrases. Par exemple, j'ai les trois chaînes suivantes :
1 - Your password
2 - Your Email
3 - has been confirmed

Qui permettront les combinaisons suivantes :
1 + 3 = Your password has been confirmed
2 + 3 = Your Email has been confirmed

Les chaînes 1 et 2 sont par ailleurs utilisées pour composer d'autres phrases comme "Please confirm your password" or "Please enter your email". Je ne peux donc pas les modifier à loisir.

Dans un texte suivi, je pourrais imaginer de traduire par "Confirmation du mot de passe / de l'adresse e-mail" mais je ne peux pas échanger les chaînes de cette manière. Je suis donc contrainte d'utiliser soit le masculin qui ressemblera a une erreur dans la phrase "Votre adresse e-mail est confirmé", le féminin, qui ressemblera a une erreur dans la phrase "Votre mot de passe est confirmée" ou un signe quelconque permettant de juxtaposer les deux qui sera en fait assez laid dans les deux cas... J'en suis à demander au client s'il est possible d'avoir deux chaînes ou une balise dynamique de genre mais je doute que ce soit le cas puisque je n'ai aucune balise de ce type dans l'application. Je vais donc probablement utiliser le "e" entre parenthèses puisque c'est ce qui est valide actuellement.
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Jean Dimitriadis
Jean Dimitriadis  Identity Verified
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[Modifié] Jun 5, 2018

Bonjour Sara,

Là, on sort du contexte de l'écriture inclusive, c’est juste une question d’accord d'un mot féminin ou masculin selon la combinaison des chaînes.

[Je retire le reste de ma réponse car non pertinent dans cette discussion.]

Jean

[Edited at 2018-06-05 22:20 GMT]


 
Platary (X)
Platary (X)
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Et si l'on ouvrait un autre fil consacré à ces vraies questions de traduction ? Jun 5, 2018

Jean Dimitriadis a écrit :



Là, on sort du contexte de l'écriture inclusive...



Oui, c'est bien juste et c'est peut-être une bonne occasion de créer un autre fil sur ces réelles difficultés, le dernier exemple de Sara méritant vraiment que l'on s'y attarde.

Je suis pour ma part régulièrement confronté à ces cas de figure dans la localisation d'interfaces où la programmation originale avec variables et autres conteneurs ne laisse pas beaucoup place à l'imagination, sauf si l'on peut intervenir sur le code...

Nous pourrions démarrer ce fil en partant de la dernière intervention de Sara et je pense que tous les traducteurs concernés pourraient y exposer leurs interrogations dans le cadre d'une réflexion collégiale ?

Bien cordialement à tous !


 
Thomas T. Frost
Thomas T. Frost  Identity Verified
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E-mail / adresse e-mail Jun 5, 2018

Jean Dimitriadis wrote:

"E-mail | confirmé"


Attention, e-mail (le contenu envoyé) n'est pas la même chose qu'adresse e-mail (l'adresse).

"E-mail confirmé" signifie vraiment qu'un contenu envoyé a été confirmé, non pas l'adresse.

Dans le cas précis, on pourrait peut-être dire "confirmation adresse e-mail effectuée" / "confirmation mot de passe effectuée".


 
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